Lors d’une conférence de presse le 24 mars, le think tank dédié aux mobilités, TDIE, a présenté les
réponses des candidats à la présidentielle à son questionnaire envoyé mi-février. Sur douze candidats, sept avaient répondu à l’heure de la présentation : Nathalie ARTHAUD, Fabien ROUSSEL, Jean-Luc MÉLENCHON, Yannick JADOT, Anne HIDALGO, Valérie PÉCRESSE et Marine LE PEN. L’équipe d’Emmanuel MACRON a assuré que ses réponses seraient livrées de façon « imminente ».
Globalement, tous les candidats s’accordent sur le rôle crucial de la voiture dans les déplacements et donc sur le besoin d’en assurer la décarbonation. Tous prévoient des aides à l’industrie automobile pour faciliter sa conversion, le développement massif de bornes de recharge et le soutien à l’achat de véhicules pour les particuliers. Cependant, les modalités de ces mesures varient. Ainsi, Mme PÉCRESSE souhaite une électrification massive du parc automobile grâce à la batterie, tandis que Mme LE PEN mise plutôt sur les motorisations à hydrogène et aux biocarburants et sur les hybrides. Alors que M. MÉLENCHON accorde une place assez restreinte à l’automobile, tout en reconnaissant la nécessité de décarboner le parc de véhicules, Mme HIDALGO présente la transition automobile comme « l’axe prioritaire » de son programme en matière de mobilité. M. JADOT et M. ROUSSEL mettent tous les deux l’accent sur les primes à la conversion pour les ménages modestes.
Tous les candidats souhaitent accorder des investissements massifs aux transports en commun, notamment pour développer les offres de mobilité alternatives à la voiture. MM. MÉLENCHON et ROUSSEL proposent même de rendre gratuits les transports publics urbains.
La mobilité étant globalement décrite comme un « droit » par les candidats, et le pouvoir d’achat s’affirmant de plus en plus comme le thème majeur de cette fin de campagne présidentielle, l’ensemble des réponses faites à TDIE traduisent la volonté d’inciter les consommateurs à l’usage de mobilités plus propres plutôt que de leur faire payer les externalités. Pour les mêmes raisons, d’autres mesures telles que le principe pollueur-payeur, les ZFE et le péage urbain suscitent de nombreuses critiques.
Concernant le transfert des compétences de voirie et stationnement aux AOM intercommunales, les approches des candidats sont multiples. Ainsi, M. MÉLENCHON, qui condamne les lois NOTRe et MAPTAM pour avoir affaibli les communes, la voirie ne devrait être transférée ni aux EPCI ni aux AOM. Mme LE PEN, estimant que la complexification des compétences nuit avant tout aux exécutifs municipaux, prône des mutualisations sur la base d’accords entre collectivités.
Mme HIDALGO, M. JADOT et M. PÉCRESSE soutiennent ce transfert mais en nuancent l’application. Ainsi, la Maire de Paris souhaite un transfert pragmatique de la voirie, c’est-à-dire selon la structuration des intercommunalités (taille, démographie, géographie). La présidente de la Région capitale estime que le transfert des compétences de voirie et stationnement aux AOM urbaines est nécessaire pour optimiser les leviers d’action, tout en précisant qu’il devrait se faire selon l’intérêt partagé des collectivités concernées plutôt que de manière systématique. Le candidat écologiste appelle à la création de commissions locales d’arbitrage des composantes de la politique de mobilité afin de favoriser les coordinations territoriales.